Paris et moi on est comme un vieux couple. Ma plus longue relation jusqu’ici.

Au début on s’est pas mal tournés autour. A coup de week-ends en amoureux, de séjours à Eurodisney, de belles promesses sur l’esplanade de la Défense avec l’Arc de Triomphe au loin.

Puis on a emménagé ensemble. C’était la fin de l’été, on était heureux, euphoriques et j’avais encore des étoiles plein mes yeux de provinciale n’ayant jamais pris de taxi de sa vie.

On se découvrait mutuellement. Le métro, les expos, les quais, l’école à Ampère et le Pizza Hut de la rue Tolbiac. Les saisons se sont suivies les unes après les autres et du 13ème je suis passée au 18ème puis je t’ai quitté Paris pour le 92 et finalement je suis revenue, la queue entre les jambes il y a deux ans.

Tu ne m’en as pas voulu mais depuis il faut dire que notre relation n’est plus la même. J’ai été happée par le monde du travail et je ne t’ai plus vu. Aujourd’hui Paris tu me fatigues. Tu vas trop vite pour moi. Tu n’es qu’un grand tourbillon gris qui emporte tout sur son passage. Comme un piège qui se serait refermé sur moi. Tu m’as promis le Parc Monceau, les appartements Haussmaniens,  Montmatre et les grands boulevards, je n’ai eu que le gris de Guy Moquet, les cités de la porte de Montreuil et les cafards du pont du Chevaleret. Et j’en suis venue souvent à te détester. Parce que je me suis sentie trahie. De toi je n’avais vu que le plus beau et mon quotidien lui ne ressemblait à rien de tout ce que tu m’avais montré jusque là.

Tu m’as montré que pour t’avoir il fallait te mériter. Et à quel prix. J’ai eu beau regarder ailleurs, faire de l’oeil à la petite couronne, je n’ai pas totalement perdu l’espoir que notre histoire puisse durer toute la vie. Après tout quand on veut on peut.