Walk away

45027_84853_Steven_Klein_Photoshoot01_225loLes relations amoureuses c’est comme les appartements.

Quand tu vis à Paris, (où en fait dans n’importe quelle autre grosse ville), tu mets des mois à trouver un logement correct. Un rapport qualité/prix qui ne soit pas indécent, une situation plutôt cool et surtout un appart qui convienne un tant soit peu à tes exigences (ascenseur, cave, parquet, moulures, 2 pièces, parking etc).

Une fois que tu trouves l’élu de ton coeur, celui qui remplit plus ou moins tous les critères (avec un maxi bonus pour celui qui en plus de ça t’offre une surprise du type balcon), il faut déposer ton dossier. En plus des moults fiches de paie, numéro de sécu, et attestation du dernier toucher vaginal, il faut montrer au propriétaire que tu es une fille saine qui mérite tellement d’habiter ce logement que tu pourrais tuer père et mère pour l’avoir.

Puis vient l’état des lieux.

A l’entrée tu pestes contre l’ancien locataire “bouh qu’il était sale, bouh qu’il était peu soigneux” et tu pointes le doigts sur les dommages qu’il a occasionné. Mais bon, tu fermes les yeux sur les défauts, tu l’aimes tellement après tout qu’au final c’est pas si grave ce 6ème étage sans ascenseur, ça te fera les cuisses (et le cul), les voisins bruyants non plus c’est pas un problème après tout, on est jeunes on s’en fout de la vie, on dormira quand on sera vieux.

Au début tu aimes tellement ton appart que t’as envie de décrocher la lune pour lui. Faire des virées ikéa tous les week ends, acheter des coussins coordonnées aux rideaux chez Maison de vacances, faire le ménage toutes les demi journées et sortir les poubelles tous les jours.

Et puis l’euphorie du début cède la place au quotidien. Oh non tu feras la vaisselle demain matin. Oh et puis j’en ai marre de passer l’aspi tous les jours avec toute cette poussière qui tombe de je ne sais où.
Peux tu me dire précisément quand était la dernière fois que tu as regardé sous ton lit? Hum, oui c’est bien ce que je pensais, tu ne le regardes plus.
Parfois tu essaie de redonner une nouvelle dynamique à ton appart, changer la déco, acheter un nouveau cadre, bouger les meubles de place. Mais au final tu sais que ton appart reste le même, dans le fond le problème c’est pas les meubles. Le problème c’est peut être la voisine du dessus qui fait du stepper à 23h en semaine, le problème c’est peut être les plaques qui ont lâché dans la cuisine et que la proprio refuse de venir réparer, le problème vient aussi peut être de ces putains de fenêtres mal isolées. C’est bien plus simple de rejeter la faute sur l’environnement.

Jusqu’au jour où tu rentres chez toi et que tu te rends compte qu’en fait c’est juste plus possible. Que le problème c’est plus l’appart c’est lui et toi. Tu ne l’aimes plus, il te sort par les yeux, tu fais des œillades discrètement à seloger.com et tu rêves de trouver ailleurs. Plus grand, plus beau, mieux.

Alors vient l’état des lieux de sortie. Là tu te retrouves avec ton appart comme tu ne l’avais plus vu depuis des années. Comme la première fois où tu l’as vu, la première fois où tu l’as aimé. Il est comme dans les souvenirs mais c’est différent. Et puis tu visites chaque pièces en minimisant tes propres erreurs “Mais non ce carreau n’est pas cassé, il est juste fissuré sur une partie quasi invisible.” Tu regrettes un peu en te disant que tu aurais pu en prendre plus soin. Même s’il t’a fait chier avec son humidité, ses problèmes de plomberie et ses murs en papier canson.

Et puis tu signes les papiers, tu jettes un dernier regard pour la nostalgie et tu fermes la porte.

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11 Replies to “Walk away”

  1. Conclusion :
    – Louer dans une petite ville avec de plus jolis appart à meilleurs prix ?

    – Faire souvent des travaux ?

    – Se dire dès le départ que de toute façon ça ne sera pas pour très longtemps ?

  2. Trouver l’appart de ses rêves, le vrai. L’acheter. Le garder toute la vie et le léguer à ses petits enfants.

  3. J’en veux plus ! J’en redemande.
    Dévorage intensif de ton blog. Le hasard m’a menée ici, j’ai bien envie de l’appeler destin. Bravo, ou plutôt merci ?

  4. J’ai un peu THE appart of my dream. Mais j’ai un début de lassitude alors que je n’ai pas fini de vider mes cartons (je suis un gland c’est vrai).

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